Mbole. (R.D. du Congo)
Bois, fibres, ivoire...
H. 86 cm
Très rare et ancien fétiche masculin debout, sculpté sans bras, au visage à face "en coeur" surmonté d'une double coiffe transversale. Le corps est recouvert d'une espèce de costume de fibres bicolores tressées recréant des bras articulés et un sexe pendant. Les mains sont maintenues liées par une sorte de paire de menottes en rotin conférant au fétiche une attitude prisonnier. Le torse a été volontairement garni de fibres pour permettre d'y planter des aiguilles en os ou ivoire, principalement au niveau du coeur et de l'abdomen, où les perforations du costume attestent de multiples répétitions de l'action rituelle. Une aiguille en os est encore fichée au niveau du coeur, et deux épingles en ivoire dans l'abdomen. Trois épingles de coiffures du Nord-Est Congo sont placées dans l'orifice laissé par la disparition de la partie tendre du coeur du bois entre les deux coques de la coiffure. Importants restes de pigments traditionnels jaunes et blancs sur le visage.
Historique:
Ancienne collection du Docteur Hauterive, Médecin Inspecteur au Congo-Belge avant 1920.
Le corpus recensé de la statuaire Mbole est relativement restreint, et en son sein, les oeuvres de plus de cinquante centimètres sont d'une extrême rareté.
Il s'agit essentiellement de statuettes appelées "ofika", figurant un personnage pendu, apparaissant dans les rituels de la société du Lilwa, qui dirige la vie politique, économique et sociale des Mbole, lors des rites de passage ou de situations de crise au sein des communautés.
Le pendu "ofika" servirait à indiquer à tous le sort potentiellement réservé à ceux qui un jour viendraient à transgresser les règles, ou révéler les secrets propres à la société du Lilwa.
L'objet ici présenté ne figure pas un pendu, mais probablement une espèce de prisonnier symboliquement mis à mort par l'enfoncement d'épingles dans le corps rembourré de fibres à cet effet. I |